Hippolyte BOUSSAC
Le véritable essor du Centre Languedocien d’Egyptologie de Béziers est intimement lié à la
redécouverte et à la présentation des oeuvres d’Hyppolite BOUSSAC au grand public.
Pour s’en convaincre, citons les propos de notre Président, le Dr Labib-Georges Ghaly
extraits de la préface du catalogue de l’exposition de l’été 2004 :
« En hommage à ce savant, égyptologue,
orientaliste, architecte et dessinateur, la Direction
des
Musées de Béziers a demandé le concours du Centre Languedocien d’Égyptologie
afin de
poser
un regard scientifique sur l’infime partie des oeuvres de Boussac en sa
possession. Le
Centre
Languedocien d’Egyptologie et son équipe de recherche, composée des
égyptologues
membres
du Centre François-Daumas, ont rassemblé leurs efforts, afin de faire sortir de
l’anonymat
le travail de cet égyptologue, longtemps méconnu, et resté jusque là dans
l’oubli
».
Biographie
Amans Paul Hippolyte Boussac naît à Narbonne le 27 juin 1846 d’un père
forgeron et d’une
mère dont les ancêtres ont assumé la charge de géomètres et d’architectes
dans la
communauté narbonnaise.
Études
La vie d'Hippolyte Boussac est difficile à cerner, bien que presque
entièrement consacrée à
l'égyptologie et malgré l’existence d’articles publiés dans de
nombreuses revues françaises
et étrangères, car seuls quelques rares documents manuscrits ont été
conservés.
Il semble avoir poursuivi des études en sciences humaines, avec peut
être l'étude du grec.
Hippolyte Boussac dit lui-même, que ce sont « les délices des études
grecques qui l'ont
mené aux égyptologies savantes ».
Particulièrement doué en dessin, Hippolyte Boussac peut envisager une
carrière de
géomètre ou d'architecte. Il souhaite poursuivre des études d'architecture,
ce qui le conduit
à « monter à Paris » à l'âge de 18 ans.
Il entre d'abord à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, avec
pour objectif la
connaissance approfondie des architectures grecque et pharaonique.
En 1870, il participe en tant qu’engagé volontaire à la défense de
Paris pendant la guerre
franco-prussienne. Blessé lors de cet affrontement, il reçoit une
médaille d’ancien
combattant.
De retour à la vie civile, il est diplômé d'architecture et fait un
premier voyage en
Méditerranée avec Athènes comme première escale.
Sa deuxième escale lors de ce voyage est Alexandrie. « Saisi par la
magie orientale », il
éprouve un coup de foudre pour l'Égypte. De retour à Paris, il suit en
autodidacte les cours
et les conférences de l'École des Hautes Études, de l'École des
Langues orientales et du
Collège de France. Ses études de la langue et de la civilisation de
l'Égypte ancienne, déjà
commencées avec Emmanuel de Rougé se poursuivent avec son successeur
Gaston
Maspero. Maspero qui finit, en 1880 ; par faire triompher son idée :
créer au Caire une école
sur le modèle de celle qui existait déjà à Athènes pour l'étude des
monuments grecs. C'est
l'Institut français du Caire (IFC) qui devient plus tard l'Institut
Français d'Archéologie
Orientale (Ifao).
À son retour d'Égypte, en 1886, Maspero réorganise les études
égyptologiques et forme une
nouvelle génération d'égyptologues. Boussac en suit tous les cours
ainsi que ceux de
zoologie donnés au Museum, ce qui lui permet d’approfondir ses
connaissances sur la faune
égyptienne. Il fréquente en outre les grandes bibliothèques.
L’Égypte
En 1891, il est envoyé en Égypte par le gouvernement, sur demande de
Maspero, avec
Georges Bénédite, Jules Bayet, Dominique Mallet, le père Vincent
Scheil, Émile Chassinat et
Georges Legrain. Ils ont pour mission d'exécuter des relevés à
l'aquarelle des peintures
murales de tombes égyptiennes. Il fera encore semble-t-il six autres
voyages, le dernier dans
les années 1920.
À son arrivée en Égypte en 1891, Boussac devient membre du Cercle
Français du Caire. Il
collabore aux fouilles de l'Institut français du Caire récemment créé.
Il a régulièrement publié ses travaux de 1892 à 1935. Son oeuvre
présente plusieurs aspects,
et comprend des dessins et des relevés aquarellés de peinture de
tombeaux, réalisés de
1895 à 1913, dont cinq oeuvres commandées et achetées par l'État. De
nombreux articles
édités dans des revues savantes françaises et étrangères viennent s’y
ajouter. Plusieurs
d’entre eux sont consacrés à la description de monuments, temples ou
tombes. Il raconte
ainsi l'histoire de « l'Île de Philæ » depuis les premiers souverains mythique
qui régnèrent sur
l'Égypte antique, Isis et Osiris.
Dans L'Exode des dieux, il s'intéresse aux sculptures du temple
de Louqsor, aussi bien d’un
point de vue artistique que de celui de la variété des scènes
sculptées.
D'autres articles sont consacrés à la faune pharaonique sous un angle
à la fois descriptif et
symbolique. Insectes, reptiles, oiseaux, lions, tous les animaux
figurant sur les monuments
lui paraissent dignes d’intérêt et font l'objet de recherches et de
publications assorties de
dessins
Cynocéphale bleu ; tombe de Sennedjem (TT 1), ramesside.
Ainsi dans la revue La Nature, il s'intéresse particulièrement au
cheval dans l'un des articles
de la série « Nos animaux domestiques
dans la civilisation égyptienne ».
Il échange une correspondance abondante avec son maitre G. Maspero,
lui relatant
l'évolution des chantiers en Égypte. Ses relevés de tombes, travaux durement
acquis au prix
de ce que Maspero qualifie de « véritable sacrifice », lui permettent
de participer à de
nombreux salons. Il est ainsi primé, en 1892, pour sa reproduction de
la tombe d’Anna (=
Inéni, TT 81). Il fait parallèlement de nombreuses conférences à
l'Académie des Inscriptions
et des Belles Lettres et à l'Académie des Beaux-Arts. C'est dans cette
dernière que, déjà très
âgé, il présente « La peinture égyptienne dans le tombeau de la Reine
Titi ».
Retour
d'Égypte
Après de longues années passées en Égypte, au moins 40 ans, Boussac
revient de sa dernière
mission, à 74 ans. Il doit se résoudre à rester à Paris, où il
poursuit ses recherches, ne
s'accordant jamais de retraite. Pauvre et souvent isolé en raison de
son caractère difficile, les
dernières années de sa vie sont difficiles.
Heureusement, en 1929, lors d'une séance de lecture à la Bibliothèque
de l'Institut, il fait la
connaissance de la filleule de J.-A. Injalbert, 1er Prix de Rome, qu’il avait rencontré lors de sa
formation à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts.
Particulièrement érudite en matière
de Beaux-Arts et d'Archéologie, conférencière, Paule Paget trouve en
Boussac un
interlocuteur passionnant, début d’une longue amitié.
Hippolyte Boussac et Paule Paget
Consciente qu'il « est réduit à la plus grande misère », Paule Paget
s'occupe du «vieux
Boussac », alors âgé de 84 ans Grâce à son intervention, l'Académie
des Inscriptions et des
Belles Lettres lui obtient en 1936 une bourse décernée par la ville de
Paris, à laquelle
s’ajoute la retraite des vieillards, et quelques secours d'urgence.
C'est encore elle qui
parvient à l’installer dans une maison de retraite. À la veille de la
guerre, elle finit par le
persuader de redescendre dans le midi, chez les religieuses de Cazouls-lès-Béziers,
où il
décèdera le 25 janvier 1942. C'est encore elle qui sauve ses
aquarelles, dessins et manuscrits
en vue de perpétuer sa mémoire.
Hippolythe Boussac et Paule Paget (à gauche).
Neuf ans plus tard, les nièces héritières de Paule Paget lèguent
quelques objets lui
appartenant au musée d’Art et d’Histoire de Narbonne.
Postérité
En 2004, la Ville de Béziers et le Musée des Beaux-Arts consacrent à
cet artiste une
exposition à l'Espace Riquet, où est présentée pour la première fois
au public l'ensemble de
la collection découverte quelques mois auparavant.
Dans cette exposition, fut présenté des relevées aquarellés des tombes
de Sennedjem (TT 1),
Tombe de Sennedjem, ramesside
d'Inéni (TT 81), d'Amenemhat (TT 82), de Rekhmirê (TT 100), de
Sennefer (TT 96B, dite
« tombe aux vignes »), de Nakht (TT 52),
Tombe de Nakht XVIII e dyn.
de Houy (TT 40), d'Ameneminet (TT 277), de Nebamon (usurpée par
Imiseba, TT 65), de
Paneb (TT 211), d'Ouserhat (TT 51), de la reine Tyty (QV 52), des
reliefs du temple funéraire
de la reine Hatchepsout à Deir el-Bahari, ainsi que de très nombreuses
planches zoologiques
à l'encre de chine.
Scène de chasse à l’oryx : mastaba de Ptahhotep, Ve Dyn.
Quelques publications
(liste non exhaustive)
Tombeaux
Thébains. Le tombeau d’Anna, MMAF
XVIII, Paris, E.
Leroux, 1896 ;
Tombeau
d'un astrologue thébain de la XVIIIe dynastie, JRIBA V/3, vol. 5, 1897, p. 53-
59 ; with English translation ;
« L'Exode des dieux. Étude des bas-reliefs du temple de Louxor », La
Nouvelle Revue,
1898 ;
« L'Île de Philae », La Nouvelle
Revue, no 101, 1895-1899, p. 346 ;
« La Mandara du Cheik el-Beled », La
Nature, no 1617, 21 mai 1904 ;
« Animaux domestiques dans la civilisation égyptienne », La
Nature, no 1692, 28
octobre 1905 ;
« L'autruche dans la civilisation égyptienne », La
Nature, no 1735, 25 août 1906 ;
« Le guépard dans l'Égypte ancienne », La
Nature, 21 mars 1908 ;
« Le pigeon dans l'Ancienne Égypte », La
Nature, no 1896, 29 septembre 1909 ;
« Le pélican dans l'Égypte ancienne », La
Nature, no 1945, 3 septembre 1910 ;
« Égypte », La Nature, no 1945, 3 septembre
1910 ;
« L'oryctérope », La Nature, no 12094, 12 juillet
1913 ;
Seth-Typhon,
Génie des Ténèbres, Paris,
Les Fils d’E. Eyrolles, 1907 ; réimpr. éditions
Arqa, Librairie Atelier Empreinte, Marseille, 2005 ;
« Sauriens figurés sur les cippes d'Horus », Recueil
de Travaux XXXI, 1909, p.
58-67 ;
réimpr. éditions Arqa, Librairie Atelier Empreinte, Marseille, 2005 ;
« Le pluvier de Mongolie : Charadrius mongolicus
», Recueil
de Travaux XXXI, 1909,
p. 138-139.
« L’héliorne d’Afrique : Heliornis
senegalensis. Viellot », Recueil
de Travaux XXXI,
1909, p. 180-181.
Voir aussi
https://www1.ivv1.uni-muenster.de/litw3/Aegyptologie/l_standard_kurzanzeige_autengl.ph
p?schlagwort=Boussac,%20Hippolyte
Bibliographie
Catalogue de l'exposition Hippolyte
Boussac et l'Égypte, Musée des
Beaux-arts de
Béziers, juillet 2004 en vente au Musée du Biterrois.
encyclopédie Wikipédia.